Ce 12 juillet 2007, le peloton du Tour de France s'est offert un avant-goût de la montagne, lors de cette étape piège entre Chablis et Autun. Il faut dire que les coureurs ont traversé le redoutable massif du Morvan !!!

      Avec huit côtes à gravir, dont une de deuxième catégorie, réparties tout au long des 182,5 kilomètres du parcours, les chances des sprinteurs semblaient minimes. La parole (mais surtout le coup de pédale) était alors donnée aux opportunistes et aux rouleurs solides, tel Sylvain Chavanel (leader de l'équipe COFIDIS) en tête au passage à ARLEUF, lequel a profité de cette étape pour revêtir le maillot blanc à pois rouges de meilleur grimpeur.

      Après quatre jours de course où les équipes Quick Step, Milram, Crédit Agricole et CSC ont fait la loi, cette étape qui passait à ARLEUF à 15 h 40 était très attendue par les observateurs.
L'étape du Morvan pouvait imposer des changements au classement général.
Et, Christian Prudhomme, lui-même, espérait beaucoup de cette étape, tant le relief et la configuration du tracé pouvaient donner lieu à une course piégeuse.

      C'était également l'avis de tous ceux qui connaissent la région, notamment l'ancien champion Jean-François Bernard ou le jeune Frédéric Finot, récent vainqueur d'une étape de la Route du Sud. Et, selon ce dernier :
"Le départ de Chablis n'est pas simple parce que la route serpente dans le vignoble avec un enchaînement de petites côtes jusqu'au premier sprint intermédiaire d'Avallon (km 36). Ensuite, en prenant la route du Morvan, c'est de plus en plus difficile... Huit côtes sont au programme, dont la montée du Haut-Folin (deuxième catégorie) qui est un vrai petit col de 11 kilomètres nécessitant le petit plateau pour la première fois depuis le départ de Londres. Sur des routes sinueuses, rarement empruntées par le Tour, la difficulté va croissant à partir de Lormes (km 72) marquant l'entrée dans le Morvan. Les coureurs seront en prise toute la journée. Jusqu'à Château-Chinon (km 117) il n'y aura pas de temps mort... Et, 8 km plus loin, ils vont monter vers Arleuf sur une route large, qui annonce le Haut-Folin (km 135) lequel culmine à 900 mètres"...

      Il n'en fallait pas moins de clairvoyance, car, le redoutable Morvan a fait son œuvre. Relevé au sud au Mont du Haut-Folin (902 mètres) et doucement fléchi en direction du nord, le territoire de la "Montagne Noire" (Morven en celte) a été impitoyable...
Alexandre Vinokourov et Andreas Klöden n'ont pas attendu le lendemain (le vendredi 13) pour connaître leur jour de malchance : les leaders de la formation Astana ont été victime de la montagne noire ou MORVEN (= Morvan).

      Alexandre Vinokourov, favori déclaré du tour de France 2007, a été victime d'un saut de chaîne, une chute terrible; à 25 km d'Autun, (km 157), il est touché à la hanche et aux deux genoux... Alexandre Vinokourov a concédé une minute et 20 secondes au porteur du maillot jaune Fabian Cancellara.

La carte de l'étape et, après le Haut-folin, au km 157, la chute d'A. Vinokourov...

      Quinze points de sutures sont nécessaires pour refermer les plaies aux genoux du malheureux Alexandre Vinokourov.

Dossard N° 191, Alexandre Vinokourov, favori déclaré du tour de France 2007...

      Klöden est, lui aussi, lourdement tombé au 107e kilomètre avant d'être ramené par Daniel Navarro et Paolo Savoldelli pour terminer au milieu du peloton. Hospitalisé à Autun, l'Allemand souffre d'une fissure du coccyx.


      Avec les chutes conséquitives au parcours technique et sinueux, l'étape ensoleillée (surtout après la météorologie maussade du mois de juillet) a été marquée par l'échappée de Sylvain Chavanel. Le Leader de Cofidis, en tête à ARLEUF, est alors accompagné de trois hommes.


      Le quatuor maintiendra trois minutes d'avance sur le peloton durant la traversée du difficile massif du Morvan...

      Après Saint-Brieuc en 2004, c'est la deuxième victoire d'étape dans le Tour de l'Italien de 25 ans, victorieux cette saison du circuit Het Volk.

      Cette étape du Morvan très tourmentée, bornée par huit ascensions, a été marquée par l'échappée précoce du Français Sylvain Chavanel sorti dès le 13e kilomètre, et par de nombreuses chutes.

Sylvain Chavanel photographié à ARLEUF.

      A. Vinokourov tombé dans une descente à 25 km de l'arrivée (et touché à l'arrière de la cuisse droite et aux deux genoux !!!), a fait rouler six coéquipiers, pour tenter en vain de revenir sur le peloton. Son coéquipier Andreas Kloeden est lui tombé sur les fesses à 70 km du but, tout comme Iban Mayo, alors que Carlos Sastre, Christophe Moreau et Erik Zabel notamment ont été victimes de crevaisons sur les routes étroites du Morvan.

      "Je ne sais pas (ce qui est arrivé), ma chaîne a sauté", a déclaré A. Vinokourov, relégué en 81e position au général à 2:10 minutes de Cancellara.

      "On est inquiet pour Andreas (Kloeden), il a un problème au coccyx, il se l'est cassé il y a trois ans", a déclaré au micro de France 2 Marc Biver, le directeur sportif de la formation Astana. "Vinokourov a une blessure très profonde sur le genou, mais il est trop tôt pour faire un pronostic. On attendra demain pour faire un diagnostic précis".

      Les deux leaders de la formation Astana ont été conduits à l'hôpital d'AUTUN pour des examens.

"J'étais à côté de lui (Vinokourov), ça allait à 70 kilomètres-heure, il a eu une grosse malchance", a déclaré le champion de France Christophe Moreau. "On ne peut pas gagner le Tour la première semaine de course, mais on peut le perdre. Aujourd'hui il fallait être très vigilant, avec des descentes périlleuses prises tambour battant et des montées au taquet".

      Fabian Cancellara (CSC), en jaune depuis le prologue, a failli chuter dans la dernière descente, celle de la Croix de la Libération, mais il est revenu sur le macadam après un passage dans l'herbe à trois kilomètres de l'arrivée.

      "J'ai vu Popovych (partir) devant moi, et après dans le virage j'ai fait comme Lance (Armstrong) il y a quelques années, j'ai su éviter la chute", a déclaré Cancellara, allusion au travail d'équilibriste de l'Américain, contraint de couper un champ dans les Alpes pour ne pas tomber après une chute de Joseba Beloki.

      Si Fabian Cancellara a conservé le maillot jaune, les autres principales tuniques ont changé d'épaules. Stéphane Augé a cédé le maillot de meilleur grimpeur à son coéquipier de Cofidis Sylvain Chavanel, alors qu'Erik Zabel a pris le vert du classement aux points à Tom Boonen.

      Fabian Cancellara compte au général 32 secondes d'avance sur Kloeden et 35 sur Pozzato.

      Sylvain Chavanel a emmené dans son échappée matinale Philippe Gilbert, William Bonnet et Gianpaolo Cheula. Le Français a été le dernier à résister au retour du peloton, mais a été repris à neuf kilomètres de l'arrivée.

CLASSEMENT DE L'ETAPE
1. Filippo Pozzato (Liquigas) 4.39.01
2. Oscar Freire (Rabobank)
3. Daniele Bennati (Lampre-Fondital)
4. Kim Kirchen (T-Mobile)
5. Erik Zabel (Milram)
6. George Hincapie (Discovery Channel)
7. Cristian Moreni (Cofidis)
8. Stefan Schumacher (Gerolsteiner)
9. Bram Tankink (Quick.Step-Innergétic)
10. Jérôme Pineau (Bouygues Telecom)
11. Cadel Evans (Predictor-Lotto)
12. Fabian Cancellara (Team CSC)
13. Alejandro Valverde (Caisse d'Epargne)
14. Chris Horner (Predictor-Lotto)
15. Franck Schleck (Team CSC)

CLASSEMENT GENERAL
1. Fabian Cancellara (Team CSC) 24.28.56
2. Andreas Kloden (Astana) 0.33
3. Filippo Pozzato (Liquigas) 0.35
4. David Millar (Saunier Duval-Prodir) 0.41
5. George Hincapie (Discovery Channel) 0.43
6. Vladimir Gusev (Discovery Channel) 0.45
7. Vladimir Karpets (Caisse d'Epargne) 0.46
8. Mikel Astarloza (Euskaltel) 0.49
9. Thomas Dekker (Rabobank) 0.51
10. Benoit Vaugrenard (Française des Jeux) 0.52

      Le Tour de France 2007, 5ième étape, ce 12 juillet 2007, entre CHABLIS et AUTUN - 182,5 km - une belle étape comme hors d'oeuvre à la montagne.

Le résumé de l'étape :

Pozzato, le timing juste
Le coureur italien, qui s'était déjà imposé en 2004 à Saint-Brieuc, remporte l'étape d'Autun grâce à une stratégie d'équipe payante dans le final. Ayant accepté de laisser partir l'échappée du jour, dans laquelle étaient impliqués Sylvain Chavanel, Philippe Gilbert, William Bonnet et Gianpaolo Cheula, les Liquigas ont mené une poursuite fatale aux espoirs de Chavanel et Gilbert, mais qui a permis de mener leur leader dans une position idéale. Dans les 300 derniers mètres de course, Filippo Pozzato a fait la différence sur Freire et Bennati. Sylvain Chavanel termine sa journée avec le maillot à pois.

Sylvain Chavanel récidive
Si Stéphane Augé (Fra - COF) tente une sortie au km 8, c'est Sylvain Chavanel (Fra - COF) qui montre le plus de détermination dans la première partie de course. A partir du km 19, plusieurs offensives sont nécessaires avant que le leader de Cofidis parvienne à gagner du terrain, en compagnie de William Bonnet (Fra - C.A) et Philippe Gilbert (Bel - FDJ). Gianpaolo Cheula (Ita - BAR), qui n'a pas été suffisamment vif pour prendre la roue du trio franco-belge, se lance dans une contre-attaque à rallonge.

Le quatuor devient duo
Pendant que Sy. Chavanel s'engage dans une journée de récolte des points de la montagne, l'échappée progresse régulièrement jusqu'à obtenir 14'50'', au km 52. Ce n'est qu'au km 60 que Cheula parvient à opérer la jonction en tête de course. Bien que l'équipe CSC n'ait pas fait de la défense du maillot jaune une priorité, le peloton est alerté par l'importance de l'écart, qui pourrait porter atteinte aux intérêts de nombreuses équipes. La remontée du terrain est rapide puisque 50 km plus loin, l'avantage des échappés n'est plus que de 4'. Au pied de la longue ascension vers le Haut-Folin, le groupe de tête n'a plus que 2'30''. Soucieux de préserver un écart suffisant pour achever sa mission du jour, Chavanel accélère dans la montée pour stopper le déclin du groupe (1'30'' à 3km du sommet). Seul Philippe Gilbert tient la cadence, et aide le Français à rétablir la situation : au sommet, l'écart avec le peloton est remonté à 2'10''.

Chute pour Vino
Au passage au dernier sprint intermédiaire, où Gilbert soigne sa position au classement des jeunes en empochant quelques secondes de bonifications, il reste 37 kilomètres à parcourir aux deux compagnons, avec moins de deux minutes d'avance. La descente, puis l'étroitesse de la route, compliquent la poursuite et permettent aux échapper de garder espoir. Mais à 15 km de l'arrivée, l'écart n'est plus que de 40''. Derrière, Vinokourov et ses coéquipiers poursuivent une autre mission. Victime d'une chute à 25 km de l'arrivée, le leader kazakh essaye de rattraper le temps perdu. Il abordera probablement les Alpes avec 1' de retard sur ses principaux rivaux.

Popovych et Cancellara frôlent la chute
La montée de la côte de la Croix de la Libération signifie la fin de l'aventure pour Gilbert et Chavanel, repris par un peloton où les coureurs de la Rabobank et de Liquigas sont les plus entreprenants. Dans la descente sur Autun, Laurent Lefèvre tente une sortie. Il est rejoint puis dépassé par Popovych. L'Ukrainien dévale la pente avec un peu trop d'ambition et frôle la chute dans un virage. Fabian Cancellara, décidément inspiré par les attaques de fin de course suit exactement le même chemin. Dans le dernier kilomètre, Lefèvre tente une attaque en compagnie de Millar, mais une arrivée au sprint se prépare. Pozzato devance Freire, Bennati, Kirchen et Zabel. Le coureur allemand s'empare du maillot vert.

L'interview Sylvain Chavanel : "Je privilégierai toujours une victoire d'étape"
Sylvain Chavanel connaît aujourd'hui encore l'amertume de l'attaquant repris en fin de course. Le maillot à pois et le prix de la combativité sont des distinctions qui l'honorent, mais le Français ne perd pas de vue son objectif principal : gagner une étape.

"Ce maillot à pois, c'est la récompense de mes efforts. La journée a été difficile, notamment parce qu'il y avait du vent en début de journée. Ensuite, lorsque notre écart s'est approché de quinze minutes, toutes les équipes ont commencé à travailler, et là c'est devenu très difficile de résister. Avec Philippe Gilbert nous avons fait une belle fin de course et là j'ai recommencé à y croire. Mais la dernière côte nous a complètement freinés.
Aujourd'hui je peux dire que j'ai vraiment mal aux jambes, alors demain je vais essayer de passer une journée plus tranquille. Mais pour la suite j'ai ma petite idée derrière la tête. Je ne sais pas si je parviendrai à défendre ce maillot, car c'est beaucoup plus compliqué dans les grands cols. De toute façon, je privilégierai toujours une victoire d'étape sur la défense du maillot".

La sixième étape conduira vendredi le peloton sur 199,5 km de Semur-en-Auxois à Bourg-en Bresse.